FATED : The Silent Oath est disponible depuis le 28 avril 2016 sur Oculus Rift, Gear VR et HTC Vive. Il s’agit d’un jeu indépendant québécois se présentant comme l’un des pionniers de la réalité virtuelle. Développé par Frima Studio, le jeu a tout pour faire rêver. Les créations étant si rares sur ce type de support, les possibilités sont nombreuses. Le désir de créer une toute nouvelle expérience narrative et vidéoludique est-il exaucé ? FATED a-t-il captivé toute notre attention et nos émotions ? La réponse dans le test de FATED, point par point.
Non, vous ne m’aurez pas, je ne pleurerai pas !
Le scénario est signé Jill Murray, scénariste d’Assassin’s Creed IV Black Flag. Celui-ci tient en quelques lignes et sert de point de départ à une longue aventure divisée en plusieurs épisodes : vous incarnez un homme ramené à la vie par les pouvoirs d’une déesse. Vous devez protéger votre famille des griffes d’une terrible menace, tout en compensant le prix de votre réincarnation : la perte votre voix. Ce premier épisode nous conte donc les débuts de cette aventure, et devrait être suivi d’autres itérations si le succès est au rendez-vous.
Le désir des développeurs est clair : ils veulent jouer avec nos émotions, pour que nous nous attachions aux personnages et à l’histoire du jeu. “La peur est une émotion facile à provoquer en réalité virtuelle, mais dans FATED, nous souhaitions explorer la compassion, la tristesse et la joie, ainsi qu’une panoplie d’autres émotions complexes“. La réalité virtuelle convient pile-poil pour ce registre. Une histoire prenante, couplée à une immersion totale grâce à la VR, et c’est le jackpot ! Ainsi, nous comprenons que certains jeux peuvent nous toucher, et comme le dirait Vincent Martel, producteur du jeu :
“Il n’existe rien de plus fort que le lien parent-enfant. Nous savions que ça ferait vibrer la corde sensible des joueurs de FATED”.
Sur le papier, tout semble prêt pour nous chambouler un peu. Et du côté technique ?
Une direction artistique maîtrisée, pour un univers crédible (mais perfectible)
Techniquement, FATED divise. Le jeu est développé sous Unreal Engine 4, et ça se sent. Les décors sont magnifiques et font ressortir une ambiance particulière, poétique et mystérieuse. Cette atmosphère colle à l’histoire et crée davantage d’immersion. Certains endroits sont si beaux qu’on s’y arrête un instant pour contempler. De grandes cascades, des montagnes vertigineuses, des grottes étranges et des jeux de couleurs hypnotisants, les développeurs savent nous faire rêver grâce à leurs talents artistiques indéniables.

Cependant, le titre souffre de quelques défauts techniques. En effet, ce qui saute aux yeux dès les premières minutes de jeu, ce sont les animations des personnages. Les déplacements et mouvements de ces derniers manquent de naturel et on aperçoit presque les animations comme dans un mauvais dessin animé en 3D. Le tout manque de sincérité. On est transporté par l’ambiance du jeu et ces petits hics nous ramènent vite sur terre pour nous rappeler que tout ça n’est que virtuel. Les personnages ressemblent à des poupées dont on verrait les fils, la magie a du mal à prendre.

Concernant la partie bande son du jeu, peu de chose sont à pointer du doigt. On apprécie les thèmes mélancoliques et doux, qui collent bien à l’ambiance, que vous pouvez découvrir ici. Les doublages sont disponibles en VO mais également en version française, et bien qu’ils ne soient pas transcendants, ils sont suffisamment soignés pour ne pas gâcher l’expérience. Les sons ambiants et les bruitages sont également cohérents et ne souffrent pas de réel défaut. On aurait aimé une gestion un peu plus spatiale du son, pour renforcer l’immersion mais le schéma classique d’un son linéaire n’est pas choquant pour autant.
La manette n’est pas le meilleur choix
Fated promet une immersion sans pareille, une expérience unique et exclusive. Cependant, la manette a une importance trop grande dans l’expérience que propose le jeu. Les gâchettes vous permettent de contrôler les mains du héros, tandis que le stick analogique gère les déplacements. Le tout est difficile à appréhender et l’adaptation est ardue. Lorsqu’on arrive à s’y prendre, on continue de penser que la jouabilité à la manette n’est pas confortable. De plus, les mouvements de têtes pour gérer la caméra grâce au casque semble être opérés différemment par rapport aux autres jeux (The Gallery, The Vanishing of Ethan Carter etc) et ils peuvent provoquer cette “motion sickness” dont il est souvent question lorsque l’on parle de VR.

Ce qui peut être apprécié en revanche, ce sont les petites trouvailles comme celle des interactions avec les PNJ, qui se font avec les mouvements de votre tête (un hochement pour un oui, un autre pour un non). Malgré les rares situations embarrassantes de malaise car il faut parfois s’y prendre à plusieurs fois pour se faire comprendre par le personnage en face de nous, l’immersion est bien renforcée et des phases de jeu comme celle en charrette ou à l’arc deviennent très amusantes (bien que cette dernière soit un peu trop simpliste).
Court et frustrant
1h30 de jeu ! Quand on lit sur le site officiel que le jeu propose “une durée comparable à celle d’un long métrage“, on savait à quoi s’attendre mais 1h30 pour terminer le jeu, c’est très peu. On peut grossir la durée de vie à deux heures si on est fouineur et contemplateur. Pour 19.99€, l’addition est salée… Nous pensions que la leçon avait été tirée des jeux en réalité virtuelle précédents qui souffraient de ce même défaut. Il semblerait que non. La faute à un travail trop important pour proposer une aventure dépassant les 5 heures ? Probablement. Encore une fois, il s’agit là du premier épisode. Attendons-nous à des suites, probablement plus longues si le public à pu être touché avec ce premier volet. Car Frima Studio s’est peut-être un peu retenu, pour tâter le terrain, avant de se lâcher totalement.

On y croyait, mais il reste encore du chemin…
Fated : The Silent Oath constitue un beau voyage sur les terres Viking mais manque de finition dans sa conception. Fated, c’est comme traverser un grand lac bleu turquoise scintillant sur les rayons d’un soleil brûlant, bercé par le chant de la faune et la flore, mais sur un bateau gonflable. C’est beau, des choses nous enivrent et nous prennent, mais d’autres nous remettent assez vite à notre place. En revanche, les petits défauts techniques qu’on a pu voir se font rapidement oublier, puisqu’à mesure que l’intrigue avance, nous sommes davantage plongés dans l’aventure et nous oublions ces coquilles. Elles sont moins nombreuses passée la moitié du jeu, et moins visibles. L’immersion cache l’imperfection, c’est comme dire que le pari est réussi : l’histoire est prenante et la VR apporte un plus. Des passages comme celui de la charrette sur la montagne nous stressent, tandis que celui de la grotte nous fascine, nos émotions sont titillées, et c’est grâce au casque qu’on a sur la tête. En ce sens, on ne peut pas dire que FATED soit un jeu raté. Le rapport prix-durée de vie ainsi que la réalisation nous éloignent malheureusement d’une note supérieure à la moyenne. Le jeu n’est pas mauvais, ni très bon. En revanche, il peut être l’un des deux suivant les décisions du studio pour la suite. Frima Studio a encore des chances devant lui, et peut faire bouger les choses dans la VR, on attend le prochain épisode avec impatience !
Notre streamer MoGZz, auteur des captures d’écran et du stream du jeu FATED sur la WebTV, nous donne également son avis :
Je donnerais à Fated la note de 4/10 pour ce jeu/film assez joli, mais c’est à peu près tout. Les dialogues ne sont pas assez prenants, à part à quelques endroits. L’expérience manque globalement de rythme et le gameplay est inexistant. Il y a une bonne base pour faire quelque chose d’intéressant mais ce n’est pas assez poussé. C’est pourquoi l’aventure est peu enrichissante. Je n’ai pas réussi à me laisser transporter.
► Les points forts
- Une direction artistique charmante
- De bonnes idées…
► Les points faibles
- … Souvent sous-exploitées
- Dans l’ensemble, peu d’aspects positifs marquants
- L’animation des personnages un peu bancale
- Beaucoup trop court