Square Enix était l’un des rares éditeurs à prendre le jeu mobile au sérieux avec des titres “Go” de qualité, reposant sur des énigmes astucieuses. Hélas, c’est maintenant de l’histoire ancienne.
Play Mobile, en avant les billets
Il n’est jamais aisé de rentrer sur un marché mobile saturé, surtout lorsqu’on fait le choix couillu de faire payer ses jeux. Donner de l’argent pour jouer à des jeux complets et de qualité, sans compromis sur l’expérience de jeu ? Quelle étrange idée. Square Enix, pourtant pas avare en matière de pratiques douteuses, a eu l’idée farfelue de faire payer des jeux mobiles, avec très peu de microtransactions. La firme nippone, pleine de bonnes intentions, aura ainsi appris à ses dépens que ce n’est pas (assez) rentable.
Deus Ex, Hitman et Tomb Raider, ont tous eu droit à leur déclinaison en jeux “Go”. Des jeux de réflexion sur un plateau, où chaque niveau se présentait sous la forme d’un casse-tête où l’on progresse case par case jusqu’à la sortie. Malgré un bon accueil critique, le succès n’est pas au rendez-vous selon Patrick Naud, directeur de Square Enix Montréal. Le format ne sera pas renouvelé, comme il l’explique à Pocket Gamer :
Je dois avouer que non (nous ne travaillons pas sur un autre jeu “Go”) […] Le facteur le plus compliqué reste de faire un jeu premium (payant) sur mobile. Malgré le succès critique et le gros revenu qu’on a tiré de ces jeux, nous sommes tristes de voir que seule une toute petite partie de nos joueurs s’essayent aux jeux mobiles, à cause du prix. C’est un énorme obstacle pour les joueurs mobiles.
Beaucoup de joueurs jouent seulement sur mobile, et ils sont vraiment noyés dans les jeux et les choix. Alors, pourquoi investir dans un jeu à moins d’être sûr de l’apprécier ?
Ceci est une révolution
D’un côté, on ne peut qu’être triste de voir qu’un format de jeu sympathique (et qui se prêtait bien au mobile) ne sera pas renouvelé juste parce qu’il n’est pas aussi rentable que ce qu’il pourrait être en étant gratuit.
Et pourtant, il faut malheureusement se faire à l’idée que les joueurs mobiles ne consomment pas du tout le jeu vidéo de la même manière que sur PC et consoles : la gratuité y reste maîtresse. Square Enix est l’un des derniers éditeurs à l’avoir compris, et ils en font les frais.
Tout le monde a un smartphone, mais tout le monde n’a pas de console/PC. Comment ne pas être tenté de supprimer la barrière d’entrée (le prix), et jouer sur la patience des joueurs pour leur soutirer des deniers, si le public potentiel est aussi large ?
L’arrivée d’une version gratuite d’Hitman: Sniper, laisse penser que Square Enix ne va pas abandonner le mobile, mais plutôt réorienter la monétisation de ses titres.