Adaptation du génialissime manga écrit par Tsugumi Ōba et mis en images par Takeshi Obata, Death Note, dans sa version film de 2017, a été réalisé par Adam Wingard, qui entendait donner un “second souffle” – selon ses propres termes – à la licence. Le problème derrière ce propos bien prétentieux, c’est qu’il pue de la gueule.
Pourvu qu’il n’y ait pas de suite (no spoil)
Par où commencer ? Eh bien désolé de sortir le CV, mais c’est à Adam Wingard que l’on doit le remake Blair Witch, pour ne citer que lui. Autant dire que c’était mal barré d’office. Même si je me base rarement là-dessus parce qu’on peut toujours être surpris, après visionnage de Death Note, je me dis que tout est parfaitement logique.
Light Turner est un lycéen dont le père est policier et un beau jour, un carnet lui tombe sur la tête. Celui-ci permet de tuer n’importe qui en écrivant son nom à l’intérieur tout en ayant son visage en tête. Le cahier appartient à une monstruosité du nom de Ryuk et son boulot consiste tout simplement à trouver un dépositaire pour son tas de feuilles jaunies. C’est à peu près le pitch de base. À aucun moment n’est précisé qui est Ryuk (un dieu de la mort dans le manga, excusez du peu) ou ses motivations. Seul dans une salle de colle après avoir été puni, Light va se retrouver nez à nez avec Ryuk… qui va faire une belle esbroufe dans la salle en foutant littéralement tout en l’air pour le bénéfice d’une entrée dramatique. Le jeune Light va hurler comme ce n’est pas permis pendant trente secondes avant de se calmer sagement et écouter pépouze le dieu de la mort, qui lui dit de regarder par la fenêtre pour observer une agression en contrebas, perpétrée par une brute qui lui a justement fait bouffer ses dents plus tôt dans la journée. Cela ne fait pas quinze minutes que le film est commencé et déjà on se demande bien comment il fait pour accepter si bien la présence d’une telle monstruosité à ses côtés… et surtout, il l’écoute sans poser de question et écrit le nom de la brute dans le cahier. Et là, c’est le drame. Un festival d’hémoglobine et de gore bien loin de la sobriété du manga, qui refusait justement de basculer dans le vulgaire pour se concentrer sur une intrigue passionnante. En gros, le manga n’avait pas besoin de balancer de la poudre aux yeux pour cacher la misère, lui. Presque toutes les morts du film sont du même acabit et s’en retrouvent bien consternantes… parce que le ridicule du reste du film est si apparent – comme le nez au milieu de la figure de Depardieu – qu’il faudrait de toute manière l’entièreté de la poudre de Clochette pour y faire quelque chose.
Le scénario est cousu de fils blancs, de déductions tirées par les cheveux, de mauvais gags qui ne font pas hausser ne serait-ce qu’un sourcil et de personnages à la psychologie probablement élaborée dans un bar par des piliers de comptoir. Prenons un exemple tout con : si vous regardez l’anime (et que vous utilisez donc votre temps bien plus judicieusement qu’en le perdant avec ce film), Light est incroyablement intelligent, au point qu’il parvient à se faire l’égal du plus grand détective du monde, L. Dans le film, les deux sont cons. Vous me direz, comme ça, le match est équilibré malgré tout. Oui, mais il est médiocre. L débarque comme un cheveu sur la soupe par l’intermédiaire de son gardien Watari et prend bien soin de ne rien divulguer quant à son identité… pour apparaître visage à demi-découvert (et en plus la partie la plus identifiable : au-dessus de la bouche) devant le détective – père de Light – puis devant les médias, carrément. On notera au passage qu’il sait parfaitement que Kira (le nom qu’à choisi Light, pour “Dieu” – l’explication foireuse du film étant : Kira veut dire lumière en russe et tueur en japonais) a des pouvoirs magiques et qu’il peut tuer à distance. Pourtant, ça ne le choque pas, en tant que plus grand détective du monde et donc probablement seul espoir d’attraper ce taré, de pointer littéralement le flingue du tueur sur sa tempe. No problem. Light, de son côté, aussi con que son adversaire, a décidé de déclencher des crimes tous plus sanglants les uns que les autres et de faire écrire “Kira” et un message en japonais aux victimes avec leur sang pour affirmer sa suprématie. Quel est son raisonnement ? Oh ben très simple : “cey 1 mo japoné, du cou lé enquéteurs y vont cherché au Japon, tro mal1 wesh”. Et le pire… c’est qu’il avait raison – L déboule en disant : Kira est a Seattle, et tout le monde tombe de son siège. Sauf le spectateur, qui se marre. Je rectifie ce que j’ai écrit plus tôt : dans ce film, tout le monde est con, c’est loin d’être exclusif aux deux guignols.
De l’art de se planter complètement (spoil)
Ceci est la frontière du spoil, si vous la passez, vous serez soumis à des révélations concernant l’intrigue du film que vous pourriez préférer découvrir tout(e) seul(e).
Wingard a déclaré avoir apprécié conserver l’enjeu du manga : le floutage de la limite entre le bien et le mal. FAUX. Tu m’étonnes qu’ils se plante dans ses films, il le fait déjà dans ses déclarations. Je ne vais pas m’attarder sur tout ce qui m’a fait hurler dans ce film – alors que j’ai pourtant réellement essayé de me détacher du manga ; je pense y être parvenu sans quoi j’aurais éteint avant la fin – l’article devrait alors se décliner en dossier. Cependant, la psychologie des personnages étant vraiment au rabais, l’enjeu entre le bien et le mal n’est à aucun moment mis en avant : il y a les méchants et les gentils, c’est tout. Light estime qu’il faut dégommer tous les criminels parce qu’ils ont tué sa môman, là où le manga était infiniment plus intéressant puisque proposant un garçon issu d’une famille modèle, brillant, dont personne ne pouvait douter de l’exemplarité. L n’est plus du tout le protagoniste atypique que tant aiment, il a gardé certaines attitudes (s’asseoir accroupi dans les fauteuils, tenir les objets du bout des doigts) mais il parle tout-à-fait normalement et en plus, pour rappel, il est con. De fait, on ne s’attache pas du tout à lui et sa conception est elle aussi très simple : “tu tues des gens, t’es méchant, je t’arrête.” Enfin, il aimerait bien, mais comme il est con… Bon ok, j’arrête de le rabâcher. Un dernier petit exemple pour la route : Light a été conduit en colle littéralement à cause d’une fille qu’il a voulu défendre, premier réflexe du garçon : lui révéler l’existence du cahier et lui prouver la véracité de son pouvoir. Genius. Heureusement, Mia est complètement frapadingue – quel fantastique hasard – et décide que c’est cool de tuer des gens, du coup elle s’y met aussi.
Ajoutons à tout cela de belles incohérences : finalement, plus besoin du nom complet d’une victime, il suffit de son prénom. Sur le principe pourquoi pas, mais comment tu fais si le type s’appelle John et que tu en connais une douzaine vu qu’il y en a à tous les coins de rue ? Si pile au moment où tu écris le visage de John-Copain passe dans ton esprit alors qu’en fait tu voulais tuer John-Pas-Copain, comment tu peux être sûr de ton coup ? Le temps que tu y réfléchisses, la personne est morte. Au moins t’as ta réponse. La scène finale est complètement naze : Mia est tellement folle du cahier qu’elle écrit le nom de Light à l’intérieur pour qu’il en cède la propriété, après quoi elle brûlera la page, ce qui annulera sa mort (nouvelle règle créée pour le film et applicable une seule fois). Ceci, Light l’apprend au bal de fin d’année où il est suivi par deux agents du FBI (les flics le collent quand même au train) dans une séquence hilarante où il est littéralement le seul péquenot à porter un haut-de-forme dans le style Abraham Lincoln au milieu de la salle – je rappelle qu’il y a deux agents spéciaux qui n’ont pour seul objectif que de surveiller ses moindres faits et gestes – et Mia et lui mettent à exécution un plan incroyable (tant il est ridicule) : ils remplacent Light par un garçon aléatoire que Mia a invité à danser. Ils ne s’en cachent absolument pas, quand Light revient prendre sa place, il va même carrément au milieu de la piste de danse et pousse le type en le bousculant comme un bourrin et reprend le chapeau au passage. Merde, les agents du FBI devaient être aveugles. Mais du coup, Kira est fâché tout rouge, du coup il a écrit le nom de Mia dans le cahier, et la prophétie se réalisera si elle prend le cahier… ce qu’elle fait dans la scène finale, bien sûr. Pis du coup, Light il regrette. Il est chafouin. Question toute conne : à aucun moment on ne nous dit que les noms de Light et Mia sont sur la même page, c’est donc que si Mia accrochait aux belles promesses de “partir loin”, Light allait être celui qui crevait ? Comment tu vis un amour tout seul ? À part avec ta main droite je veux dire.
La scène finale révèle que Light, en l’espace d’une dizaine de minutes, a fomenté un plan intelligent à la volée (alors que, désolé de le rappeler, il lui manque une moitié de cerveau depuis le début du film) pour qu’un type le trouve et l’amène à l’hôpital (car la scène finale se déroule dans une grande roue – Light prévoyait de se tirer loin avec Mia alors que la police est partout autour et qu’il choisit de s’enfermer dans une cabine en haut d’une roue pour offrir à Mia l’espoir du salut en amoureux. LAUL.) et qu’un autre lui amène le cahier… avant de se suicider bien sûr. Durant tout ce temps, L s’est dégourdi à perdre son sang froid pour buter Light puisque ce dernier à envoyé Watari au casse-pipe pour récupérer le nom de sa pupille. C’était son seul pote, du coup lui aussi il est chafouin parce que lors d’une scène dans un café, Light lui a littéralement révélé son identité alors qu’il semblait tenter de jouer le faux-semblant. C’en est difficilement descriptible tellement c’est ridicule. Et donc L court après Light, finit par le rattraper et ce dernier lui dit qu’il ne comprend pas, qu’il suffit littéralement d’écrire un nom dans un manuel d’algèbre pour tuer quelqu’un. Oui parce que le brillant lycéen a arraché une page pour la foutre dans son manuel d’algèbre. Sérieusement ? Il lui dit sérieusement qu’il “suffit d’écrire un nom dans un manuel d’algèbre” ? J’en suis à me demander pourquoi il ne lui a pas carrément fait un tuto avec présentation PowerPoint. Du coup, après que Light ait réussi à tailler la route (un adorateur de Kira passait par là et à assommé L, tranquillou bidou), L a l’idée de génie : mais oui ! Il faut que j’aille vérifier son manuel d’algèbre. Ben oui. Et le film se termine donc sur un suspense insoutenable : L tenant un crayon au-dessus d’une feuille arrachée du Death note et glissée dans le manuel d’algèbre de Light, ce dernier à l’hôpital avec Ryuk qui se marre dans un coin parce que, c’est évident, il va crever. Enfin non pardon, le suspense est insoutenable, bien sûr… Ryuk qu’on ne voit pour ainsi dire jamais et dont la tronche est de toute façon un peu au rabais. Je crois que je vais m’arrêter là, je viens de recevoir un appel de La Baleine qui m’indique arriver à court de sel à me fournir. Dommage, j’aurais pu mentionner la révélation ultime, le père de Light, à son chevet, qui déclame, la voix tremblante (enfin il essaie) : “c’était toi tout ce temps ! J’ai trouvé cette coupure de journal dans ta chambre” et là il tend à son fils l’article arborant le nom et la photo de l’assassin de la mère de Light. Ah bah oui tiens, on n’aurait pu s’épargner un film du coup…
Hey !
Bon, en réalité je savais pas trop comment commencer, alors autant débuter par un simple salut. Bref. Je viens tout juste de terminer de visionner l’adaptation filmographique de Netflix ( bon ça fait plus de 4 heures maintenant mais en voulant m’inscrire sur ce site, j’ai du attendre éternellement de recevoir un f*cking mail de confirmation… #On s’en fout de ta life –‘ ). J’étais curieuse de savoir ce que ça donnerait, surtout après avoir remarquer l’immense vague de critique et de réaction négative à la bande annonce qu’offrait ce film. J’avoue n’avoir vu que l’animé ( et même pas en entier, je pense le terminer, pasd’inquiètude mais ça fait plus de trois semaines que je ne me remet de la m*** de L ) Passons. J’ai donc trouvé le film… Surprenant, pour ne pas dire "totalement à chier", excusez l’expression. Je suis alors tombé sur une justification complétement vide de sens de la part du réalisateur, puis sur ta critique. Et là, tu peux être fier de toi parce que je l’ai adoré. Tes multiples touches d’humour, que se soit par le biai d’ironie ou ùencore de litotes ( oui, j’ai bien révisé mes cours de français ^^ ) m’ont extrêment plu et m’a permis de relativisé un peu plus, surtout après être sorti d’une heure et quarante minutes de souffrance psychologique tant "l’oeuvre" me semblait patéthique.
J’appuie donc la plupart de tes commentaires. Personnages aux psychologies ilogiques ( chose la plus horrible du film. Mais où es-tu, narcissisme et intelligence de Light ? Où es-tu, aveuglement amoureux et limite trop niai de Misa ? Où es-tu, L ?! ). L’attachement à L complétement inexistant. Même Rem était absent ( en même temps il aurait été là, je vois pas comment il serait tombé in love de cette Misa Mia –‘ ). Le fait que Light revèle tout a L. Les règles du Death Note absurdes ( modifiées, rajoutées, allez comprendre le resonnement des scènaristes, serieux ). Et l’orphelinat, c’était quoi le délire ? Pourquoi il est abandonné, avec encore tout les dossiers présents ? Soit le fait que j’ai raté les derniers épisodes de l’anime m’a fait raté un abandon de la sorte, soit l’adaptation continue a être aussi decevant qu’elle avait toujours été destinée à être…
Toutefois, seul petit point, dont il me semble que tu te sois trompé. Je ne défend en aucun cas le film, pas d’inquiètude. Seulement, lorsque tu dis que Light a avoué avoir arraché une page du Death Note avant de la fouttre dans un livre d’algèbre, sache que ce n’est pas tout à fait ça. Je comprend que le film t’ait passé tellement au dessus de la tête qu’une incohérence en plus ou un moins ce n’est rien, mais permet moi toutefois de te corriger rapidement. C’est Mia qui arrache la page et qui la fout dans son bouquin d’algèbre, puisque c’est elle qui suit ce cours, non Light. L va donc dans la chambre de Mia, trouver la fameuse feuille cachée. Après, j’avoue que le fait qu’elle ait écrit le nom de Light dans le bouquin alors qu’elle avait une feuille à disposition et non le Death Note, – va savoir comment elle l’a eu – est aussi insencé que tout le reste du film.
Bon. Je crois m’arrêter là. J’espère avoir réussi à ne pas m’embrouiller dans mes propos et que tu ais réussi tout de même à me comprendre ( un peu la flemme de me relire, je plaide, même si j’ai eu le temps depuis ). Encore merci pour m’avoir remonter quelque peu le moral avec ta chouette critique. Bye bye. ^^
Après avoir regardé cette bouse et bien ri, j’ai regardé quelques avis d’autres gens sur Internet et je suis tombée sur la tienne. Eh bien merci car j’ai encore plus ri ! Tu as énuméré les plus grosses incohérences et débilités du film avec une très bonne ironie.
Deux petits points que j’ai relevé également : l’orphelinat est abandonné mais tous les dossiers des anciens patients sont encore présents, rien de plus normal…
Et quand Light est dans le coma (c’est quand même officiel), déjà le mec lui met le death note sur la poitrine. Il aurait suffit que l’infirmiere passe sérieux… mais bref, il est dans le coma, il se réveille à peine et deux minutes plus tard, son père frappe à la porte, Light lui dit "entrez" ??
Pourquoi son père frappe à la porte de la chambre de son fils sachant qu’il est censé être dans le coma ? Il a pas l’air étonné ou content qu’il en soit sorti d’ailleurs. C’est vraiment du n’importe quoi ce film, mais au moins ça m’a fait les abdos !
Au plaisir,
Johanna
Merci d’avoir pris la peine d’écrire ces commentaires qui me font très plaisir ! Il n’y a pas de soucis <a class=’bp-suggestions-mention’ href=’https://www.warlegend.net/members/lisita/’ rel=’nofollow’>@lisita</a>, même si tu voulais défendre le film, tu en aurais parfaitement le droit ! :) Tu fais très bien de me signaler cette erreur je vais – par ta faute ! :p – reregarder ce passage, mon cerveau a peut-être un peu somnolé au passage. <a class=’bp-suggestions-mention’ href=’https://www.warlegend.net/members/johanna025/’ rel=’nofollow’>@johanna025</a> oh oui le coup du coma aussi… non mais de toute façon ce film pourrait presque être un documentaire sur l’incohérence. Je suis presque tenté de le reregarder en me disant que c’est un film comique, qui sait si ça se trouve je vais me pisser dessus
J’ai voulu me crever les yeux à plusieurs reprise en regardant cette bouse …… En tout cas GJ pour l’article , comme d’hab super boulot !
Merci ! Content que t’aies gardé tes yeux !
et bien, je m’y étais pas risqué, et je ne le ferai pas ! merci l’article ! ;p
De coup j’ai fortement envie de le voir et vérifier tout ça de mes propres yeux XD