Avec Civilization VII, Firaxis promettait une refonte en profondeur, autant sur le plan graphique que systémique. Après plusieurs centaines de tours et une poignée de civilisations menées vers la grandeur — ou la ruine — l’heure est venue de faire le point : cette nouvelle itération parvient-elle réellement à rebattre les cartes ?
Des adversaires à qui il manque toujours quelques cases
Civilization VII ne cherche pas à masquer son héritage. Dès les premiers tours, on retrouve les sensations familières : l’exploration d’un monde encore vierge, les premières rencontres diplomatiques, les décisions de développement de villes… La boucle de gameplay reste fondamentalement inchangée, mais des ajustements bienvenus tentent de moderniser l’ensemble.
Les districts, introduits dans Civ VI, reviennent ici avec une meilleure lisibilité et une logique de placement plus stratégique. On remarque également une gestion plus souple des ressources : fini les malus trop punitifs en cas de surpopulation ou de guerre prolongée. Les nouvelles conditions de victoire, comme l’influence culturelle accrue par les médias numériques ou les initiatives climatiques mondiales, offrent des alternatives rafraîchissantes aux éternelles courses à l’espace ou conquêtes militaires.
Pour autant, tout n’est pas aussi bien huilé qu’espéré. L’intelligence artificielle, encore une fois, fait défaut. Trop souvent, les leaders adverses prennent des décisions incohérentes : des déclarations de guerre sans fondement, des échanges commerciaux absurdes, ou une gestion urbaine erratique. Malgré des ajustements, le comportement des IA reste l’un des maillons faibles du jeu, nuisant au sentiment de progresser face à des adversaires dignes de ce nom.
Autre bémol : la diplomatie. Bien qu’enrichie de nouveaux systèmes de réputation et de pression culturelle, elle reste superficielle dans ses interactions. Les pactes manquent d’impacts concrets et les sommets internationaux peinent à proposer des enjeux crédibles. On aurait aimé que Firaxis pousse la mécanique vers des logiques plus dynamiques, influencées par l’histoire commune et les objectifs secrets, mais cela reste en surface.
De véritables bonds en avant
Visuellement, Civilization VII fait un bond en avant sans pour autant bousculer les codes. Le style graphique reste dans la lignée de son prédécesseur, avec des couleurs vives, une carte lisible et une représentation stylisée des unités et bâtiments. Ce choix divise : certains salueront la clarté et l’identité graphique forte, tandis que d’autres regretteront un manque de modernité ou de réalisme, surtout à l’ère des moteurs plus ambitieux.
La carte du monde gagne néanmoins en densité. Les animations environnementales, les détails topographiques et les transitions jour/nuit apportent une vraie plus-value à la lecture du terrain. Les effets météo et les catastrophes naturelles sont mieux intégrés, avec des impacts visibles sur la carte et des conséquences directes sur les empires. Un typhon peut ruiner une moisson, une sécheresse assécher un fleuve autrefois fertile. Ces éléments dynamisent la stratégie territoriale et favorisent une meilleure adaptation au terrain.
L’interface, souvent critiquée dans les opus précédents pour sa lourdeur, bénéficie ici d’un vrai travail d’ergonomie. Les menus sont plus clairs, les arbres de technologie et de culture sont mieux structurés, et les notifications moins intrusives. Pour autant, tout n’est pas parfait : certains éléments, comme la gestion de la religion ou de l’espionnage, restent trop enfouis dans des sous-menus peu intuitifs. L’accessibilité progresse, mais un nouveau joueur peut encore se sentir noyé sous la masse d’informations.
Une direction audio comme on aimerait en voir plus souvent
Sur le plan audio, Civilization VII brille de mille feux. La bande-son s’adapte au fil des ères, mêlant instruments traditionnels et arrangements contemporains. Chaque civilisation dispose de ses propres thèmes, déclinés en fonction de l’avancée historique, et ces variations contribuent grandement à l’immersion.
La qualité sonore se ressent également dans les effets : les bruits de la ville, les clameurs des champs de bataille, le bruissement des forêts ou le clapotis des vagues sur le littoral. Tout est pensé pour plonger le joueur dans une ambiance à la fois contemplative et engageante.
Les doublages des leaders sont convaincants, même si certains manquent un peu de charisme comparé à d’anciennes figures emblématiques. Firaxis a fait le choix de privilégier l’authenticité linguistique, avec des voix dans les langues d’origine pour chaque dirigeant. Ce parti pris fonctionne à merveille et participe à l’identité culturelle forte de chaque nation.
Civ sera toujours Civ
Civilization VII est un opus solide qui, sans bouleverser la formule, l’affine avec intelligence. Les améliorations de l’interface, l’enrichissement des conditions de victoire et les nouveautés climatiques apportent de la fraîcheur à une boucle de gameplay toujours aussi addictive. Pourtant, les mêmes écueils refont surface : une IA trop passive, une diplomatie encore trop creuse et des mécaniques qui, malgré leur profondeur, peinent parfois à se renouveler en fin de partie.
Ce qu’on a aimé :
- Boucle de gameplay toujours aussi prenante
- Interface plus lisible et intuitive
- Bande-son magistrale et immersive
- Thématiques modernes bien intégrées (climat, médias, numérique)
- Meilleure intégration des événements naturels
Ce qu’on n’a pas aimé :
- IA toujours aussi limitée et incohérente
- Diplomatie trop superficielle
- Microgestion trop lourde en fin de partie
- Direction artistique peu renouvelée
- Courbe d’apprentissage abrupte pour les néophytes
WarLegend.net a bénéficié d’une copie presse fournie par l’éditeur de ce jeu.
Civilization VII est disponible sur PC, Xbox Series et PS5.







