Dans la première partie de mon billet, j’ai essayé de dresser un très bref tableau de la situation actuelle au niveau « MMO PvP », avec la mise en abyme des différentes catégories de joueurs concernés par les évolutions au niveau des supports proposés, en corrélation avec les attentes exprimées. Je n’aurais pas pu écrire cette phrase en latin, heureusement que je ne tiens jamais mes promesses. Je vais donc dans la deuxième partie de mon billet, tenter de répondre à la question évoquée dans le titre, « Qui va jouer à Guild Wars 2 ? ».
Tout d’abord, il faut distinguer deux grandes catégories de MMOs au niveau clientèle : la première catégorie comporte les MMOs qui vont essayer de brasser le plus grand nombre de joueurs possible. On pourrait les appeler « Large Customer Base MMO », mais on va les appeler « MMO grand public » parce que ça m’arrange. Dans cette catégorie MMO grand public, on peut par exemple trouver World of Warcraft, Rift, ou Aion. Tel une prostituée roumaine à 7h du matin devant la première boulangerie ouverte, ces MMOs vont attirer le plus de clients possible ; on distille habilement plusieurs ingrédients à doses variables et on voit si ça mord. Une cuillère de PvP, un fond de PvE, un zeste de rejouabilité, un nuage d’avancée de personnage, on mélange le tout et on vend le jeu comme un parc d’attractions. Le but étant de saturer le joueur de contenu pour qu’il continue à payer l’abonnement mensuel et / ou qu’il dépense son argent dans les magasins virtuels (montures, familiers, objets exclusifs, etc).
La deuxième catégorie se compose quant à elle des MMOs qui, à l’instar des tournevis pour gauchers ou des godes en forme de sexe d’animaux, se positionnent uniquement pour une partie bien précise de la clientèle. Ils le revendiquent souvent très fort, à l’image de Mortal Online ou de Darkfall, qui affichaient clairement leurs ambitions de « MMO Bac à sable » où en échange d’une grande liberté, le joueur est livré à lui-même dans un monde où tout est à construire. Ces jeux « bac à sable » s’adressent donc à une clientèle bien précise, les fameux « vieux » joueurs qui ont une vision plus impliquée et qui ont découvert les MMOs avec Meridian 59, T4C, Ultima Online ou Dark Age of Camelot, par exemple. Cette deuxième catégorie de MMOs joue souvent l’économie par rapport à la première, avec une maîtrise des coûts plus rigoureuse, forcée par le faible nombre de clients potentiels.
Guild Wars 2, quant à lui, reprend le concept de la première catégorie avec des éléments de la deuxième : un monde ouvert et persistant où les activités proposées sont définies à l’avance dans des zones bien spécifiques, avec des éléments de challenge, de confrontation massive et d’implication totale. Mais là où la concurrence aurait bêtement repris la recette de WoW, ArenaNet innove à sa façon et propose un leveling dynamique à base de quêtes publiques et d’évènements ainsi que plusieurs formats de PvP (compétitif, hot join, World vs World). Grosse nouveauté également, la fin annoncée de la fameuse association « tank-dps-healer », des combinaisons de sorts entre les joueurs, un système de skills / abilities, etc. Alors là vous allez me dire « okay Coco, mais on a déjà entendu plein de promesses de PvP génial pour Age of Conan, et on s’est retrouvés sur des ponts à botter dans la flotte les passants avec le cheval, le seul truc marrant du jeu ».
Possible, mais la conception du jeu qu’ont les développeurs d’ArenaNet, déjà vue dans Guild Wars 1, attise la curiosité des plus sceptiques ; ils ont dès le début un parti-pris, celui de vouloir mettre tout le monde au même niveau, de ne pas accorder d’avantages décisifs à Jean-Kevin, chômeur de longue durée par rapport à Raoul, manager chez Quick à 149 heures par semaine. Vous l’entendez ce bruit ? Ce frottement lancinant ? Tel le bruit des cuisses de Guy Carlier fuyant un rottweiler gourmand, le son de l’excitation, de l’impatience et de la HYPE commence son chant de sirène, prêt à faire succomber les plus Ulysse d’entre nous !
En conclusion, mon opinion de Professeur Hengel Defwin est qu’ArenaNet veut développer un jeu de la première catégorie pour les joueurs de la deuxième catégorie. Qui va donc jouer à Guild Wars 2 ? C’est simple, tous les joueurs qui veulent avoir la finition et la fluidité de gameplay d’un WoW, avec la hargne et le teamplay d’un jeu PvP où la communauté est mise en avant, où la compétitivité est omniprésente, et où l’on ne doit pas passer 100 heures par semaine dans une grotte pour gagner +1 en charisme. En somme, une fine alchimie entre contenu proposé et challenge, entre PvP compétitif et fun.
Guild Wars 2 sera-t-il pour tout le monde ? Assurément non. En revanche, il répond parfaitement au cahier des charges pour être le nouveau MMO PvP du moment. Merci pour votre lecture, bonne nuit et bonne chance.
Spécialiste en psychologie comportementale et féru de maquettes en poisson cru à ses heures perdues, le Professeur Hengel Defwin vous livre régulièrement ses fines analyses, quand il n’est pas ivre mort en train d’insulter des chats.